
Denis Dufour | Notice des œuvres
Légende
1991-2002 | 25'45 | opus 68 | acousmatique | support audio | 2 pistes | éditions Maison Ona
01. La dépression est une poupée russe [04'13] · 02. Un cœur qui bat de façon sarcastique [00'24] · 03. Un aperçu soudain de la liberté [02'49] · 04. Une errance absurde vers une mort certaine [01'25] · 05. La fureur bien déguisée du sceptique [01'15] · 06. Un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas [04'29] · 07. La joie que l’on donne à un enfant [01'26] · 08. Sur le billot du temps [00'52] · 09. Un animal vivant et bien chaud [05'11] · 10. Le souvenir du miracle de la libération [02'03]
• Réalisation sur magnétophones et ordinateur au studio du compositeur à Crest et à Paris 10e
• Prises de son : Denis Dufour
• Jeu sur les carburateurs d’une Rolls Royce Silver Shadow : Alain Gonnard (mouvement 6)
• Création de la première version à Paris, auditorium 104 de la Maison de Radio France, le 19 avril 1991 lors du Cycle acousmatique de l’Ina-GRM par Denis Dufour sur acousmonium GRM
• Création de la version définitive à Aix-en-Provence, salle du Bois de l’Aune, le 27 juin 2002 lors des manifestations de Musique dans la rue | Aix en Musiques par Jonathan Prager sur acousmonium GRM
Esquissée en mars-avril 1991 sous le numéro d’opus 68 et achevée en juin 2002, Légende est une suite de concert sans texte, à l’instar des suites que les compositeurs ont extraits de leurs opéras. Les dix mouvements tirent leur matériau du mélodrame acousmatique Notre besoin de consolation est impossible à rassasier composé en 1989 sur le texte éponyme de Stig Dagerman. Dans ce livre, l’auteur, météorite suédois de la littérature du XXe siècle, traqué par la dépression, se livre à toutes les tendances de l’âme humaine et délibère, branché sur les courants bienfaisants d’une embellie temporaire, sur les raisons qu’un homme, un écrivain a de désespérer ou de croire qu’une vie libre est possible. Une déclaration d’un désespoir absolu, alimenté cependant par une brise légère d’innocence, par un vent frais qui délivre de l’angoisse le temps d’un souffle : dire encore une dernière fois la beauté du monde, incarnée par les forêts et les mers de son enfance, par des instantanés qui suggèrent que le bonheur est à la fois réel et impossible.
L’œuvre de Denis Dufour, véritable film sonore intérieur, retrace un itinéraire philosophique et émotionnel singulier, celui d’un être tourmenté par le doute et qui cherche le pardon à travers un voyage au-delà des illusions – et des désillusions – communes à tous les hommes, sur une terre lavée par l’orage, pleine de poésie et de frémissement. Par une “mise en scène” d’une exceptionnelle clarté, le musicien anime le discours à la fois universel et intime du poète avec des échos et une dramaturgie qui ne peuvent laisser indifférent. [Jérôme Nylon]