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Denis Dufour | Notice des œuvres

Caravaggio

2000 | 10’00 | opus 108 | acousmatique | support audio | 2 pistes | éditions Maison Ona

• Cycle Les Acousmalides (1)

• Demande d’Alexandre Yterce

• Dédié à Roberto Paris

• Réalisation sur ordinateur au studio du compositeur à Paris 20e

• Prises de son : Denis Dufour

• Voix : Denis Dufour

• Texte : Thomas Brando

• Création à Paris, salle Les Temps du corps, le 25 novembre 2000 lors du festival Brûlures des langues I par Jonathan Prager sur acousmonium Motus

Denis Dufour s'est inspiré de poèmes d’amour issus du recueil La Proie des flammes pour en délivrer une re-création musicale. Ni illustration, ni adaptation, Caravaggio transcende la lettre pour en exprimer l’esprit dans un degré de fusion (passionnelle) véritablement musicale. N’est-ce pas là l’essence même de la poésie ? Ici le balancement du texte et de la musique, le son et le sens finalement, se rejoignent dans un même amour des mots et des hommes.

Le crime d’être né, Michelangelo Merisi dit Le Caravage l’a perpétré avec appétit à chaque peinture, faisant figurer – dans l’esprit des Évangiles sinon la lettre – les voleurs agiles aux muscles rapides ramassés au coin des rues, baisant les pieds des angelots efflanqués aux jambes sales, et adorant les putes en vestales des hôtels, fait prendre au commanditaire les femmes qui se vendent pour des madones, les slips raides pour les drapés du sacre, et le sexe des anges pour une dragée de communion, traquant les vierges dans le quartier avant de disparaître, sans laisser de trace. Relire le film immobile de Dereck Jarman pour comprendre. Tout le reste est little rature. [Thomas Brando]

(1) La musique acousmatique est vite apparue comme le lieu d’une nouvelle théâtralité, que la poésie s’est empressée d’habiter. Denis Dufour s'est emparé des textes de Thomas Brando pour en délivrer une interprétation musicale, comme l’avait fait deux siècles plus tôt Franz Schubert pour les poèmes de ses amis… Usant de toutes les libertés du studio électroacoustique, de la puissance et la subtilité des outils analogiques et numériques, il s'est approprié chaque texte pour en triturer le son et le sens par toutes sortes de manipulations et de multiplications, le mettre sens dessus dessous et en faire infuser la quintessence, l’occultant par moments au profit d’une pure musicalité, le soulignant à d’autres, l’intégrant à la pâte sonore de chacune de ses musiques. Loin de considérer le travail de composition comme une illustration obligée, il se distancie si nécessaire de l’intelligibilité du texte pour oser le traiter comme un véritable matériau. [Jérôme Nylon]

 

Les pièces du cycle Les Acousmalides :

Psaume d’Adam [1986] ; Cet été sur la plage (version acousma) [1989] ; Caravaggio [2000] ; La Malédiction des flammes [2001] ; Panique au bord de l’eau [2001] ; L’Ivre d’avril [2002] ; Géométrie mystique [2002] ; Rivage de la soif [2011] ; Air [2020].

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