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Denis Dufour | Notice des œuvres

Les Invasions fantômes

2011 | 32'50 | opus 149 | acousmatique | support audio | 2 pistes | éditions Maison Ona

• Réalisation sur ordinateur au studio du compositeur à Paris 19e

• Prises de son : Denis Dufour et Thomas Brando

• Guitare : Denis Dufour

• Flûte à bec et cloche : Quentin Morton

• Emprunts aux musiques traditionnelles du Bénin, de Corée et du Japon

• Voix : Gilian Petrovski

• Direction du comédien : Thomas Brando

• Texte : Thomas Brando

• Remerciements au GRM et à Philippe Dao pour la mise à disposition du studio 116C pour l’enregistrement du texte

• Création à Crest, salle Moulinages de l’Espace Soubeyran, le 27 août 2011 lors du festival Futura 2011 par Jonathan Prager sur le grand acousmonium Motus

On pense à une sorte de soliloque incandescent, nimbée d’un écho hystérique comme évanoui, d’un guerrier ambigu et désœuvré, déambulant entre représentation Nô et traversée du désert, et défendant seul, depuis des siècles on dirait, une île en pleine terre à la frontière des nuages et de l’eau, des plaines et des cimes, chantant la beauté stérile de la solitude et la transcendance amère de l’attente.

Écarté du théâtre des opérations, évocation des orages lointains des guerres du passé, une sentinelle qui s’enfonce progressivement dans un sentiment d’étrangeté à soi-même, comme déconnectée de toute vie véritable, celle que nous avons l’impression de mener. Elle incarne cet espoir contaminé par l’illusion que peut-être quelque chose viendra du désert, de la mer ou de la plaine, quelque chose qui justifiera toutes ces années d’immobilité forcée, et comme un soulagement, une promesse de mortification ou d’acmé.

Traversant presque toutes les frontières terrestres, le narrateur déroule la piste infinie d’une impatience pétrifiée à mi-chemin entre le manque et l’effroi, confondant volontairement désert et désir. Le guetteur a viré au squelette, et c’est l’écho un peu irréel de sa voix qui traverse l’ensemble de la pièce, présent par son émotion, évanoui dans l’effacement du passé. Comme la jeune femme d’Hanjo, l’un des Cinq Nô modernes de Mishima, l’attente finit par perdre tout objet, et devenir un processus bouclé sur lui-même et sur une sorte de folie compressée. [Jérôme Nylon]

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