Denis Dufour | Notice des œuvres
Préhistoire
2002 | 05'10 | opus 117 | éditions Maison Ona
pour soprano, flûte, piano et violoncelle
• Cycle Le Plaisir des chants difficiles
• Commande du Domaine de Kerguéhennec, Centre d’art contemporain, centre culturel de rencontre (direction Frédéric Paul)
• Textes de Thomas Brando
• Création à Strasbourg, auditorium du Musée d'art moderne et contemporain, le 18 avril 2002 par Yannick Ponzin, soprano, Annie Ploquin-Rignol, flûte, François-Michel Rignol, piano, Marie-Madeleine Mille, violoncelle
Thomas Brando travaille la langue comme on pétrit une pâte. Il ne finalise un texte qu’après l’avoir longuement énoncé à voix haute, après l’avoir rôdé, roulé en bouche, car le son de la langue lui parle aussi fort que le sens. Ainsi le son et le sens se rejoignent en un même geste dans les cantates de Bach ou les opéras de Mozart – qui n’hésitait pas à faire chanter trois dialogues simultanés dans certaines scènes. La musique étant pour lui une langue qui parle à tous, et heureux d’inspirer un travail purement musical dont la forme lui échappe totalement, il ne contraint pas les compositeurs à rendre ses textes lisibles en permanence. Il pense que la trahison a quelque chose d’intéressant, si elle est sincère.
Comme l’avait fait deux siècles plus tôt Schubert pour les textes de ses amis, Denis Dufour s’est régulièrement inspiré des poèmes d’amour du recueil La Proie des flammes de Thomas Brando pour en délivrer des recréations musicales regroupées en deux cycles : Les Acousmalides pour les œuvres fixées sur support audio et Le Plaisir des chants difficiles pour celles instrumentales et vocales. Les occultant par moments au profit d’une pure musicalité, les soulignant à d’autres, il les intègre à la pâte sonore de son écriture, ni illustration, ni adaptation, mais synthèse propre à chacun pour faire se rejoindre le son et le sens par le balancement de ces textes et de ces musiques.
[Jérôme Nylon]